Un auteur en scène

Un auteur en scène
Un auteur en scène

Heureusement je suis là tu le sais toi mon Charli-ma-vieille-bille que je vais rendre coup pour coup mot à mot la langue aux inventeurs et tracasser la parole des professeurs  !




 

“Auteur en scène” (mais aussi créateur lumière et passionné par la musique et l’architecture sonore), François Chaffin a créé en 1987 le Théâtre du Menteur pour faire écho à son travail d’écrivain de plateau, et proposer à qui voudrait bien les partager ses créations comme ses ateliers de production de petites formes sensibles. Poétique autant que politique, son goût pour une langue baroque, à la croisée des usages argotiques, métaphoriques et quotidiens, s’accompagne du désir aventureux de révéler son écriture par sa musicalité autant que par l’interrogation qu’elle prétend soumettre aux spectateurs et aux pratiquants.
Conjuguant l’écriture textuelle avec les artifices les plus technologiques (vidéo, photo, MAO, capteurs…), l’auteur et le metteur en scène se retrouvent et se confondent dans une recherche où l’osmose entre le sens et la forme s’invente et se régénère par friction.

Il est par ailleurs créateur/agitateur de nombreuses fabriques d’écriture, où l’urgence est souvent de relier ceux qui savent et ceux qui pensent ne pas savoir, professionnels et amateurs, publics formés et nouveaux venus au théâtre, et travaille joyeusement en direction des publics réputés “sensibles » (prison, hôpital, handicap, exclus, gens du voyage…).

François Chaffin a obtenu diverses récompenses et bénéficié de bourses et de commandes, dont deux aides à la création de la DMDTS, une bourse d’encouragement de la DMDTS, deux bourses Beaumarchais, deux commandes aux auteurs du Ministère, trois résidences à la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon. Il a été par ailleurs lauréat du concours d’écriture du Conseil général du Pas-de-Calais, lauréat des Rencontres des auteurs de théâtre de Lyon, auteur sélectionné à la Semaine de la dramaturgie de Québec, Chevalier de l’Ordre des arts et des lettres (Culture à l’hôpital).
Depuis une dizaine d’années, de nombreuses compagnies lui ont passé commande de textes.

Il y a un auteur d’aujourd’hui qui nous plaît particulièrement : François Chaffin qui présente La Morsure du citron et Plus tendre est la baleine. Sensible, caustique, déchirant, neuf, il écrit dans une grande joie du langage. S’il y avait entre le “in” et le “off” une observation réciproque, Chaffin serait de ceux auxquels on commanderait une nouvelle pièce d’urgence.
Mais il demeure dans sa solitude, repéré par quelques-uns et un petit public impressionné. Nommons François Chaffin pape théâtral d’Avignon.

Gilles Costaz, Politis n°349

Comme quand on était petits et que parler c’était se dire des histoires.
Tu te souviens de ça Charli de quand on était petits de nos histoires sans fin ni orthographe nos histoires à la place des leçons. Tout le temps tout petits on se les racontait comme de grimper aux arbres ça nous prenait l’école et nos cachettes les goûters tous nos secrets on ne se buissonnait plus que dans les patatis-patatas.
Le verbe à l’instinct qu’on avait ça dans le sang du plus petit des mots minuscules on se faisait des tonnes de la ritournelle bien tordue balancée comme des couleurs sur les bitumes de la récré ou le gravier du terrain de foot.
Et puis un mot remâché bien dans la gueule et ça nous cassait l’ennui aussi sec. Plus fort que la réglisse.
D’A jusque Z au fond des poches à trous toute l’alpha-bête-à-bon-dieu pour se dégourdir des adultes et nous sortir du gentil-poli qui fait les hématomes dans la tête des enfants.
Heureusement je suis là tu le sais toi mon Charli-ma-vieille-bille que je vais rendre coup pour coup mot à mot la langue aux inventeurs et tracasser la parole des professeurs !
(Des fois j’ai l’impression que c’est inutile… c’est toujours moi qui parle ?)

Extrait du Miroir aux éléphants